À l’occasion du salon Intelligent Health 2022, le panel de clients de Microsoft et Nuance a abordé les défis et les opportunités liés à l’alimentation de l’Intelligence Artificielle (IA) par les données de santé. Nous avons retenu les points essentiels de la discussion, notamment le témoignage inspirant d'un centre de référence de lutte contre le cancer en France.
Lors du congrès Intelligent Health 2022, sommet mondial de l’IA dans le domaine de la santé, j’ai eu le plaisir de participer à une table ronde au sujet de la valorisation des données médicales dans le cloud. La discussion était animée par Elena Bonfiglioli, GM Health & Life Sciences et Global Strategy Lead Pharma Life Sciences chez Microsoft, et à laquelle participaient également Matjaz Ladava, Group Program Manager Health Cloud & Data chez Microsoft, et Julie Agez, chef de projet IT au Centre Antoine Lacassagne, centre de lutte contre le cancer en France.
Après des échanges passionnants, voici les éléments qui ont retenu mon attention.
Les obstacles à surmonter
Si les intervenants s’accordent à dire que le cloud est indispensable pour exploiter des données de santé, nous reconnaissons que le chemin pour y parvenir risque d’être long et contraignant.
Un environnement règlementaire strict constitue sans doute le plus grand obstacle et peut dissuader de nombreux établissements d’utiliser les données dans le Cloud pour alimenter des applications d’IA dans le domaine de la santé. En outre, lorsque ces organismes de santé mettent en œuvre des solutions guidées par des données, ils rencontrent souvent une forte réticence au changement de la part du personnel soignant, ce qui entrave la rentabilité des investissements dans le cloud et l’IA.
Par ailleurs, il existe également d’autres enjeux industriels plus larges autour de l’interopérabilité et des normes en matière de données. Comme le souligne Matjaz : « Le principal défi à surmonter est l’interopérabilité. Il est nécessaire de faire circuler les données avant de se lancer dans l’IA. La quantité de données de santé est impressionnante. Si nous pouvions en exploiter ne serait-ce qu’une partie pour la mettre à la disposition de la recherche, ce serait remarquable. C’est le principal défi que nous essayons de relever. ». Il renchérit que le secteur progresse déjà en matière d’interopérabilité, la norme FHIR (Fast Healthcare Interoperability Resource) étant désormais obligatoire aux États-Unis et en plein essor au Royaume-Uni.
« La mise en place d’une culture et d’une politique d’interopérabilité dans le domaine de la santé est un chemin que nous entreprenons car nous sommes conscients de la valeur et de l’innovation que les normes peuvent apporter à ce secteur », ajoute Elena. « Si nous généralisons l’interopérabilité, au niveau national et mondial, comme élément essentiel à toute solution, nous créerons une base plus solide pour débloquer le potentiel des technologies de santé existantes et émergentes. »
Le panel a ensuite discuté les raisons pour lesquelles les données structurées sont indispensables à l’IA pour soutenir la prise de décision clinique et accélérer la recherche. Nous avons enchaîné aussi par l’avantage apporté par Dragon Medical One, l’assistant au service des processus de soins, qui joue un rôle important à cet égard : il collecte des données structurées, permettant ainsi aux médecins de créer automatiquement une documentation médicale de haute qualité, et faciliter ainsi la lecture des informations patients.
Le cloud et l’IA en pleine action
Le centre de cancérologie Antoine Lacassagne, utilise déjà Dragon Medical One. Julie Agez nous a expliqué comment cette solution d’aide à la documentation disponible dans le cloud assiste les soignants et les patients tout en faisant avancer le programme HOP’EN, un projet quinquennal de transformation numérique en matière de santé en France. Dans le cadre de ce programme et conformément à la stratégie « Ma santé 2022 », les patients et les praticiens peuvent accéder et partager des comptes-rendus médicaux via la plateforme nationale Mon espace santé. Grâce à l’IA, les données partagées dans les comptes-rendus sont de haute qualité, facilitant ainsi l’atteinte de l’objectif institutionnel.
Les médecins du centre de cancérologie Antoine Lacassagne utilisent Dragon Medical One pour créer avec leur voix et de manière automatique des comptes-rendus dans le DPI pour les rendre rapidement disponibles sur la plateforme nationale. Les médecins gagnent ainsi un temps précieux qu’ils peuvent dédier à leurs patients.
« Dragon Medical One dans le Cloud est un véritable progrès », affirme Julie. « Les patients peuvent accéder à leurs comptes-rendus médicaux en toute simplicité et rapidité, et de leur côté les médecins disposent des informations dont ils ont besoin pour chacun des patients. »
Se focaliser sur les utilisateurs, et non sur la technologie
Après de nombreuses années de collaboration avec nos homologues soignants pour favoriser l’adoption de solutions numériques, nous avons vite compris que le déploiement de la technologie est la partie la plus facile du projet. La gestion du changement est en revanche plus complexe, il devient donc essentiel de montrer aux utilisateurs en quoi la solution pourrait améliorer leur qualité de vie au travail.
Au centre de lutte contre le cancer Antoine Lacassagne, l’implémentation technique de Dragon Medical One a également été rapide et simple. La plupart des préparatifs de la transition se sont concentrés sur l’adoption de la solution par les utilisateurs. « Nous n’avons pas consacré beaucoup de temps à la préparation des serveurs et des systèmes internes », précise-t-elle. « Nous nous sommes plutôt préparés à gérer le changement avec les médecins et les assistants médico-administratifs, et ce à chaque étape. »
Son équipe a identifié dans chaque service des utilisateurs référents susceptibles de promouvoir la nouvelle solution et d’aider à surmonter les réticences face au changement. Grâce à une gestion minutieuse, le Centre Antoine Lacassagne a maintenant un taux d’adoption de 80 % de la solution Dragon Medical One, ce qui constitue une réussite considérable. Grâce à Dragon Medical One, les médecins du centre peuvent désormais consacrer plus de temps aux patients, et la solution a également renforcé le rôle des assistants médico-administratifs. « Les utilisateurs apprécient beaucoup cette solution qui leur fait gagner du temps, ce qui leur permet de faire encore plus pour leurs patients », déclare Julie. « Nous avons également constaté que les assistants médico-administratifs redéfinissaient leurs missions qui ne se limitent plus à saisir des comptes-rendus médicaux, mais plutôt assistent les patients tout au long de leur parcours complexe de soins contre le cancer. »
Les perspectives de l’IA dans le cloud pour le secteur de la santé
Les solutions d’IA basées dans le cloud, à l’instar de Dragon Medical One, transforment déjà le secteur de la santé : en effet, elles se focalisent sur les résultats plutôt que sur les environnements technologiques. « Les médecins peuvent traiter plus de patients s’ils sont en mesure de gagner du temps », affirme Elena. « La question n’est pas tant de savoir si la technologie est dans le cloud, mais plutôt de savoir si elle nous aide à fournir aux patients les soins dont ils ont besoin. »
Selon Matjaz, la réglementation relative à l’utilisation des données dans le cloud doit encourager l’innovation, et non l’entraver. « L’innovation implique que l’on sorte des sentiers battus », explique-t-il. « Les régulateurs doivent penser aux résultats que nous voulons obtenir, au lieu des méthodes que nous voulons proscrire. »
Lorsqu’elle est axée sur les résultats, l’IA peut se révéler un puissant allié pour les soignants et les patients. Les success stories comme celles du centre de cancérologie Antoine Lacassagne montrent clairement que la voix est la nouvelle frontière dans le domaine de la santé. Je suis impatient de voir comment l’IA conversationnelle dans le cloud transformera le secteur à l’avenir. Comme Julie l’a si bien résumé : « Nous avons un long chemin devant nous, mais nous restons très motivés. »